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PhilanthropieAncrée de longue date Outre-Atlantique, la philanthropie est en plein essor en France depuis une quinzaine d’années.

Qui sont les philanthropes français ? Quelles sont leurs valeurs, leurs motivations ? Comment et pourquoi devient-on philanthrope aujourd’hui ?

La photo de famille n’est pas exactement conforme aux clichés traditionnels sur la philanthropie… Décryptage avec Laurence de Nervaux, responsable de l’Observatoire de la Fondation de France.

Une philanthropie française sans visage

La Fondation de France est en première ligne du développement de la philanthropie en France :  elle héberge 2/3 des fondations françaises et en a créé à nouveau près de 50 en 2015. Pour mieux cerner la réalité de ce phénomène, la Fondation de France a réalisé un sondage auprès des Français sur leur perception de la philanthropie, et mené des analyses quantitative et qualitative sur les profils des philanthropes.

Pour des raisons tant politiques que culturelles et juridiques, la France n’est pas une terre historiquement propice au développement de la philanthropie privée. Elle s’est malgré tout déployée, dans une tradition de grande discrétion.
Ainsi, si les Français ont une bonne opinion des philanthropes (73% selon un sondage commandé par la Fondation de France* ) c’est sans aucun doute en écho aux milliardaires très médiatisés tels Bill Gates et Warren Buffet, ou encore Mark Zuckerberg. Car, tout en appelant de leurs vœux le développement de la philanthropie en France (80%), les Français interrogés sont bien en peine de citer un seul nom de philanthrope sur notre territoire.

Toutefois, depuis la fin des années 1990, la philanthropie est en France une valeur en hausse. La création de fondations par des personnes physiques est en très nette accélération : près de la moitié des fondations qui existent aujourd’hui ont vu le jour depuis 2000.

Nombre et profil des philanthropes

Le nombre total de personnes vivantes aujourd’hui en France à l’initiative de fonds ou de fondations est estimé à près de 800. On notera qu’une fondation peut être créée par plusieurs membres d’une même famille apportant chacun des financements, ou par un regroupement de particuliers sans liens de parenté mais désireux de construire un projet commun. Les particuliers choisissent très majoritairement le modèle de la fondation distributive, qui finance des projets par le biais de subventions, bourses et prix. En 2013, le total de la redistribution annuelle des fondations selon ce modèle était estimé à 1,5 milliard d’euros , toutes causes confondues.

Quelques chiffres permettent de brosser le portrait-robot du philanthrope français :

  • L’âge moyen lors de la création de sa fondation est de 61 ans (cette moyenne baisse pour les philanthropes les plus récents) ;
  • Parmi les fondateurs particuliers, 52% sont des hommes, 32% des femmes et 11% des couples ;
  • 87% des fondateurs sont en activité, et 83% travaillent dans le secteur privé ;
  • Parmi les catégories socio-professionnelles les plus représentées, on trouve les cadres supérieurs (24%), le clergé (14%), les artistes (13%) et les professions libérales (10%) ;
  • 66% ont constitué leur fortune de leur vivant ;
  • 64% ont des héritiers.

Les « héritiers de la philanthropie »

C’est le modèle de philanthropes le plus ancien. Minoritaires mais très caractérisés, les héritiers (jeunes ou moins jeunes) des dynasties philanthropiques ont reçu le don en héritage, avec le patrimoine familial. Les membres de ce petit groupe ont toutes les caractéristiques de la très haute bourgeoisie, solidement associées à des valeurs de partage et d’engagement citoyen.

La philanthropie leur a été transmise par leurs parents ou grand parents, comme un héritage à honorer, respecter et transmettre à leur tour. La tâche n’est pas aisée, car ces « héritiers de la philanthropie » prennent le relais de personnalités emblématiques, dont le charisme compte parmi les mythes fondateurs des dynasties elles-mêmes. S’approprier les causes familiales, les renouveler et les adapter aux problématiques du temps est leur défi personnel.

Leur devise : « Donner est un devoir »
Leur référence : leur père, leur grand-père

Les « enfants de la République »

Sensibilisés à la philanthropie durant la fin des Trente Glorieuse, les enfants de la République sont profondément marqués dans leur vie par l’esprit de solidarité républicaine, qui a joué pour eux un rôle de tuteur.

Un certain nombre d’épreuves personnelles sont à l’origine de leur philanthropie : émigration, perte d’un père très jeune, perte d’un enfant, absence d’enfants, enfance très modeste… Conscients de l’enjeu de la répartition obligatoire des richesses, porteurs d’un sens profond du collectif, ils ont toutefois une vision dégrisée de l’efficacité de l’action publique.

Leur devise : « Un même monde pour tous »
Leurs références : Pierre Mendès-France ; les bénévoles anonymes engagés sur le terrain

Les « entrepreneurs solidaires »

Apparus à la fin des années 80, les « entrepreneurs solidaires » sont des hommes d’affaires à succès, qui ont construit leur fortune par eux-mêmes, et désireux d’investir dans le partage de nouveaux champs d’entrepreneuriat producteurs de sens. L’initiative, la prise de risque, l’envie d’innover sont leurs valeurs, et qui caractérisent le parcours professionnel de ces sexagénaires.

Généralement imprégnés d’idéaux libéraux, ces « entrepreneurs solidaires » tirent leur fibre philanthropique de leur personnalité : empathie manifestée dès l’enfance, sensibilité instinctive à l’environnement, ou de chocs biographiques forts.

L’espace philanthropique est pour eux un espace d’innovation, de liberté, d’expérimentation et essentiellement de rencontres humaines. Ces philanthropes intègrent leurs méthodologies d’entrepreneurs au fonctionnement de leur fondation, et à l’aide qu’ils apportent aux projets soutenus.

Leur devise : « Investir pour un monde meilleur »
Leurs références : Louis Pasteur, Warren Buffet, Bill Gates.

Les « militants de terrain »

Enfin, et depuis les années 1990, de jeunes générations aux parcours internationaux, proches du monde associatif et pour qui la philanthropie est un geste naturel, sont le nouveau visage de la philanthropie : les « militants de terrain », qui constituent un groupe très homogène par l’âge, et rassemblent presque tous les plus jeunes philanthropes rencontrés : 32 ans, 35 ans, 48 ans, 45 ans…

D’origines sociales diverses, ils partagent une proximité de longue date avec le monde caritatif, grâce aux opportunités de sensibilisation auxquelles a été exposée leur génération : année ou cours de spécialisation, stages, mission solidaire junior-entreprise, etc. Ces jeunes philanthropes ont eu une expérience professionnelle dans l’univers de la solidarité internationale ou nationale. Sur le terrain, ils ont contribué à l’organisation de missions coopératives ou humanitaires.

Dans leur cas, l’engagement précède la philanthropie. C’est l’accession à la fortune (par héritage ou non) qui va occasionner leur entrée dans le monde de la philanthropie. L’action de ces « militants de terrain » passe volontiers par la recherche de nouveaux modèles et éventuellement la construction de nouveaux systèmes philanthropiques.

Leur devise : « Changer le monde »
Leurs références : Bernard Kouchner ; Pierre Rabhi

Donner pour créer du sens

Mus par des convictions personnelles fortes, les philanthropes d’aujourd’hui préfèrent partager leur fortune avec la société plutôt que de la léguer intégralement à leurs enfants. Ce choix se fait en échange d’une « contrepartie » essentielle : celle de l’efficacité de leurs actions. Les philanthropes n’agissent pas dans un souci financier de retour sur investissement, mais dans une quête de sens :«A quoi aurai-je contribué ?», «A quoi sert l’argent dans le monde ?», telles sont leurs questions cardinales.

Les philanthropes investissent donc leur temps, leurs compétences, leur éthique, leurs réseaux, leur capacité d’innovation pour tenter de répondre à ces questions. Beaucoup se détournent des grands organismes humanitaires pour se rendre eux-mêmes le terrain, mettre en place de petits projets, et y rencontrer leurs bénéficiaires – quitte à inventer de nouveaux modèles philanthropiques.

 

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Neuflize OBC

Article rédigé par Laurence de Nervaux, responsable de l’Observatoire de la Fondation de France.

 

 

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Source : Oxfam

Faire mesurer les impacts sociaux de leurs activités dans les pays pauvres, c’est l’initiative prise par de grandes multinationales.

Sur la base de l’empreinte écologique, Oxfam a réaliser un outil d’évaluation sociétal tout au long de la chaîne de valeur. Cette « empreinte pauvreté » mesure différents impacts sur l’économie locale du pays d’implantation d’une multinationale. Ces impacts sont ensuite évalués sur 5 critères comme : niveau de vie, bien-être et santé, diversité et égalité des sexes, amélioration des conditions de vie, stabilité et sécurité.

L’étude menée sur Coca Cola en Zambie et au Salvador montre que malgré une contribution au PIB en 2008 de 21 millions de dollars en Zambie et 83 millions au Salvador, 4000 emplois induits, 89 000 points de vente tenus majoritairement par des femmes, la situation des employés en sous-traitance reste précaire.

Oxfam  ne fait pas que rappeler des problèmes connus, mais émet aussi des recommandations qui portent sur des points très précis –

–          Pourquoi les conducteurs de camion zambiens font plus de huit heures de conduite par jour ?

–          Quels efforts sont à faire pour privilégier l’approvisionnement local ou le respect des droits syndicaux ?

Comprendre les effets des activités sur la pauvreté.

« Il est très difficile d’évaluer si l’absence ou la présence d’une entreprise changerait la dynamique de la pauvreté » Chris Jochnick, directeur chez Oxfam USA et de poursuivre « cette étude cherche à attirer l’attention sur la multiplicité des impacts pour les placer dans un cadre normatif et les analyser. Elle n’est qu’un élément d’une réalité très complexe. Nous espérons en faire une plate-forme sur laquelle les parties prenantes pourront s’appuyer pour inciter l’entreprise à s’orienter vers des stratégies « pro-poor ».

En analysant l’impact sur les communautés, l’empreinte pauvreté a aussi une fonction stratégique. Elle permet aux entreprises d’affiner leur positionnement sur le marché des «  pays les moins avancés ».

Ainsi Coca Cola, en Tanzanie, met son expertise logistique au service d’un projet pilote de distribution de médicaments en partenariat avec la fondation Bill & Melinda Gates et le Ministère de la santé.

Mais aussi au Kenya et en Ouganda et toujours en collaboration avec la fondation Gates, où Coca Cola a initié un programme pour que 50 000 producteurs de fruits puissent doubler leur revenu d’ici 2014.

L’évaluation volontaire  par une entreprise multinationale de son «empreinte pauvreté » s’inscrit donc pleinement dans une démarche de Responsabilité Sociétale.

La généraliser  permettrait une meilleure compréhension des rôles et des enjeux de ces grandes entreprises dont nous attendons l’expression d’une forte exemplarité sociétale.

Source : Novethics

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