Le sentiment général de défiance, qui gagne la société française, affecte aussi le médicament.
Pour la 4ème année consécutive, le Leem livre, au travers de son Observatoire sociétal du médicament, une analyse détaillée de la perception et du rapport des Français au médicament.
Deux thèmes majeurs ont fait, cette année, l’objet d’un approfondissement particulier : la sécurité et l’innovation.
Cette défiance générale touche les différents secteurs économiques du pays. Les entreprises du médicament apparaissent, en comparaison, moins éprouvées que d’autres, puisque le niveau de confiance des Français à leur égard baisse de « seulement » 5 points par rapport à 2013 (à 57 %) quand :
- l’agro-alimentaire chute de 15 points (à 38 %)
- la grande distribution de 13 points (à 39 %)
- le bâtiment de 10 points (à 61 %)
- les télécoms de 8 points (à 53 %).
Dans ce contexte, la confiance des Français dans le médicament reste à un niveau élevé (75 %) mais marque un net recul cette année (- 12 points).
La baisse affecte tous les types de médicaments même si, comme les années précédentes, le niveau de confiance demeure plus élevé pour ceux qui bénéficient d’une « caution », qu’elle soit médicale, administrative ou industrielle.
Les Français ont des interrogations sur la sécurité des médicaments qui fragilisent leur niveau de confiance.
Quand on les interroge sur les informations qui les intéressent le plus « personnellement » sur les médicaments, ils citent spontanément
- les effets secondaires (71 %)
- les contre-indications (58 %)
- L’efficacité arrive loin derrière (15 %), preuve qu’elle n’est pas remise en cause par une majorité des Français.
23 % des Français estiment que le niveau de sécurité a baissé et 76 % s’estiment mal informés sur la sécurité.
Cette appréhension autour de la sécurité a une incidence directe sur la baisse de confiance observée.
L’accumulation des controverses sur le médicament en France depuis 2011 (particulièrement en 2013) a fini par provoquer un doute dans une partie de la population, avec des interrogations sur la capacité du système de santé à contrôler efficacement le médicament.
La responsabilité en matière de sécurité du médicament est partagée, aux yeux des Français.
Pour les Français, la sécurité du médicament est une responsabilité partagée entre :
- les laboratoires (89 %)
- les autorités de santé et pouvoirs publics et les médecins au même niveau (83 %)
- les pharmaciens (75 %)
- Les patients eux-mêmes sont loin derrière à 40 %.
La recherche et l’innovation, capital image de l’industrie, est aussi un terrain sur lequel les Français sont en attente d’information.
L’Observatoire 2014 révèle que pour les Français, les laboratoires sont clairement perçus comme les premiers financeurs de la recherche de nouveaux médicaments (76 %), et que ceux-ci évaluent positivement la R&D du secteur .
8 Français sur 10 se disent, malgré tout, en manque d’information concernant le fonctionnement de la recherche et les innovations à venir en matière de médicaments dans les 10 prochaines années.
Les enseignements du point de vue du Leem
Pour le Leem, organisation professionnelle fédérant les entreprises du médicament opérant en France, les résultats de l’Observatoire 2014 constituent un signal d’alarme pour l’ensemble des acteurs du système de santé, car la confiance dans le médicament est une construction collective.
Outre, le phénomène de défiance généralisée qui se développe dans la société française, la multiplication d’informations plus ou moins fiables et non hiérarchisées, ainsi que la confusion sur l’origine des émetteurs ont contribué au recul de la confiance des Français constaté cette année.
L’enquête d’IPSOS montre donc un véritable besoin de pédagogie dans la population. Les entreprises du médicament contribueront à cet effort à la place qui est la leur. Au-delà, cette question de la confiance doit être un sujet de préoccupation partagée avec l’ensemble des parties concernées : pouvoirs publics, professionnels de santé, associations de patients…
La défiance, si elle devait s’installer, poserait inévitablement de graves problèmes de santé publique à terme.
C’est pourquoi, le Leem invite toutes les parties prenantes à repenser ensemble la politique d’information sur le médicament.
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