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Archive for the ‘Droits humains’ Category

Limiter le progrès technique et industriel au nom de l’écologie est une erreur potentiellement dangereuse et liberticide.

C’est le point de vue de Laurent Alexandre (chirurgien urologue et chef d’entreprise et co-fondateur de l’Institut Sapiens) et de Ferghane Azihari (analyste en politiques publiques, collaborateur de l’Institut de recherches économiques et fiscales).

Lors de ses controverses avec Proudhon, Marx se plaisait à conférer un caractère scientifique à son socialisme pour l’opposer aux utopies de son rival. Son discours n’en demeurait pas moins prophétique. Sans doute est-ce pourquoi l’infortune de ses prédictions n’a jamais affaibli son prestige auprès d’intellectuels assoiffés d’eschatologie païenne.

Marx prédisait que la paupérisation des masses sous le règne de l’impitoyable loi du marché allait conduire le capitalisme à son effondrement. Son disciple, Lénine, fut contraint par l’embourgeoisement du prolétariat occidental à réactualiser la prophétie: la survie «temporaire» du capitalisme ne pouvait s’expliquer que par la misère du tiers-monde.

Mais alors que la mondialisation brise le monopole occidental de l’opulence, de nouvelles accusations sont proférées contre le péché du capital à l’origine des sociétés industrielles, qu’est la cupidité. Ces éternels griefs rejoignent le constat schumpetérien que le capitalisme doit soutenir son procès devant des juges qui ont en poche la sentence de mort «quels que soient les arguments invoqués par les avocats». Depuis quelques décennies, c’est donc à l’écologie politique et à son versant décroissant qu’échoit la noble tâche de condamner l’économie de marché.

Place aux nouveaux prophètes et aux sombres présages. À Hollywood, les dystopies néo-malthusiennes attestent l’ampleur du fantasme de l’effondrement des sociétés industrielles. L’invalidation empirique de la plupart des discours alarmistes peine à les éroder. Dans son célèbre rapport publié en 1972, le très scientifique Club de Rome alertait sur les dangers de la croissance de la population et de la pression induite sur les ressources naturelles. Les terres arables viendraient à manquer et les famines seraient inéluctables.

Cinq décennies plus tard, la malnutrition s’est effondrée pour atteindre le taux de 11% «malgré» un peuplement sans précédent de notre planète. Remercions pour cela les gains de productivité obtenus au rythme de la diffusion du progrès technique et du capitalisme à l’échelle mondiale. Ainsi l’humanité a-t-elle réduit de plus de 68% les terres nécessaires à la production d’une même quantité de nourriture ces 50 dernières années.

Les matériaux dont on redoutait la disparition sont toujours là.

Autre prophétie invalidée, les matériaux dont on redoutait la disparition sont toujours là. Les inquiétudes néo-malthusiennes témoignent de notre difficulté à saisir le rôle des mécanismes de l’offre et de la demande dans la gestion de la rareté des ressources.

Une économie de marché où les prix sont librement fixés rend en effet toute pénurie impossible. Toutes choses égales par ailleurs, la raréfaction d’un matériau augmente son prix. Ceci encourage les producteurs à trouver des techniques plus sophistiquées de production et d’extraction de la ressource. Sa cherté régule parallèlement sa consommation, incite à sa conservation, à son recyclage et invite les populations à se tourner vers des substituts.

La saga des hydrocarbures dont on prédit en vain la fin depuis des décennies est une bonne illustration de ce phénomène. Celle du cuivre en est une autre. L’expansion de l’industrie des télécommunications générait les mêmes inquiétudes avant qu’elle ne se tourne vers la fibre optique. Celle-ci est composée de silice, laquelle est plus abondante. Notre monde a beau être fini, la liste des besoins pour lesquels la rareté a été déjouée ne l’est pas.

L’inépuisable ingéniosité humaine est l’ultime ressource dont nous disposons.

Évaluer la soutenabilité d’une industrie en raisonnant sur la base d’une ressource particulière revient donc à méconnaître le rôle de la créativité entrepreneuriale. Cette créativité consiste précisément à innover toujours plus dans l’usage des ressources pour satisfaire les besoins de l’humanité. D’où l’affirmation du célèbre économiste américain Julian Simon que l’inépuisable ingéniosité humaine est l’ultime ressource dont nous disposons.

Or son déploiement à travers le commerce et l’industrie s’intègre mal dans les modèles mathématiques établis par les scientifiques férus de scénarios apocalyptiques. Hélas ces considérations ne suffisent pas à enrayer l’idéologie à l’origine de l’atmosphère anxiogène que nous connaissons. Les apôtres de l’écologie politique ont fini de convertir les populations à l’idée que la planète serait une entité naturellement bienveillante victime de l’avarice et l’incessante souillure des activités humaines.

La mode du «bio» qui consacre la supériorité de la chimie «naturelle» sur la chimie «synthétique» au mépris des considérations scientifiques est un symptôme de ce phénomène. Cette vision feint d’ignorer que l’histoire de l’humanité est aussi celle de sa lutte contre des phénomènes naturels nuisibles à notre survie par le développement industriel.

Il arrive certes que ce développement implique des compromis avec l’environnement et la biodiversité. Mais ces inconvénients doivent toujours être comparés aux avantages obtenus en contrepartie.

Faut-il préférer la lutte à l’adaptation au changement climatique ?

Personne n’oserait rétrospectivement affirmer que les pollutions atmosphériques générées par les premières révolutions industrielles étaient inacceptables au regard des résultats obtenus dans la lutte contre la famine ou la mortalité infantile.

D’autant que le progrès technique qui caractérise les sociétés riches leur permet de renégocier un meilleur équilibre avec leur environnement quand elles parviennent à satisfaire leurs besoins primaires. La pollution de l’air tend ainsi à reculer dans les pays développés depuis plusieurs décennies au point où l’indice de performance environnementale élaboré par les universités de Yale et de Columbia révèle que beaucoup de pays riches surclassent les pays pauvres sur ce point.

Cette affirmation est contre-intuitive à une époque où le mythe du bon sauvage sous-entend que seules les sociétés corrompues par la richesse seraient frappées par des problèmes environnementaux. En effet, les pays faiblement industrialisés qui brillent par leur sobriété émettent moins de CO2. Ils sont néanmoins rattrapés par des fléaux plus urgents que le changement climatique.

Dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, les infections respiratoires et les maladies diarrhéiques côtoient la malnutrition comme principales causes de mortalité. Ces problèmes proviennent d’un défaut d’infrastructures sanitaires pour le traitement de l’eau ainsi que de la persistance de sources d’énergie rudimentaires pour les activités domestiques. Autant de défis que l’industrialisation de ces pays pourrait relever, même si elle implique d’émettre plus de CO2 en contrepartie.

La résilience des sociétés industrielles est donc l’une des clefs de la survie de l’humanité.

À ces questions, les néo-malthusiens répondent qu’ils sont résolus à sacrifier le présent pour sauver un avenir qu’ils estiment en péril. Cette position témoigne d’une absence totale de confiance en la résilience des sociétés humaines face aux risques environnementaux.

Elle balaie l’hypothèse que des sociétés riches et avancées sur le plan technologique pourraient convenablement les gérer. L’examen de nos modes de production suggère pourtant une diminution progressive de l’intensité carbonique de l’économie mondiale depuis quelques décennies. Ces évolutions s’expliquent par les gains en efficacité énergétique et le recours à des sources d’énergie moins carbonées. Elles laissent entrevoir la possibilité d’un développement plus sain.

L’observation des catastrophes naturelles montre quant à elle que leur gravité diminue au rythme de l’enrichissement des sociétés et de leurs capacités grandissantes à investir dans des technologies et des infrastructures plus sophistiquées. C’est pourquoi un pays comme Haïti a connu plus de 230 000 décès à la suite d’un séisme d’une magnitude de 7.0 en 2010 quand le Chili a subi quelques semaines plus tard un séisme plus violent qui n’a fait «que» 525 morts et 23 disparus.

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Pour répondre au défi posé par les transformations profondes du système productif, les progrès technologiques et les mutations du travail. Il est nécessaire aujourd’hui de poser un regard nouveau au travers de la notion  d’ « employabilité socialement responsable » (ESR). 

Actualité de la problématique :

Depuis le début de la décennie, les réformes successives de la formation professionnelle ont eu pour effet de sophistiquer considérablement ses dispositifs et de rendre les salariés de plus en plus responsables de la construction de leur parcours professionnel.

L’importance grandissante que prend le compte personnel de formation (CPF) en est un signe emblématique. Ces intentions sont louables lorsqu’elles amènent la société française vers davantage d’autonomie, de responsabilité, de capacités d’émancipation des personnes.

Mais elles passent sous silence l’indispensable accompagnement des acteurs qui, s’ils ne font pas partie des plus qualifiés, sont désarmés devant la complexité du « système ».

Le risque majeur de ces évolutions est d’accentuer les inégalités de destin et l’assignement à résidence des exclus de la formation.

De son côté, la RSE (Responsabilité sociétale de l’entreprise) connaît une mue depuis le début de la décennie : autrefois très périphérique aux enjeux de l’entreprise, elle s’internalise progressivement et vient ainsi s’intéresser directement aux enjeux d’emploi, de qualification et de formation professionnelle : prise en compte des parties prenantes et de l’intérêt général, inclusion des publics les plus vulnérables, maîtrise des externalités, renforcement des acteurs, pilotage par des indicateurs incorporés dans la notation sociale.

Au cœur de cette évolution se trouve l’émergence de la notion d’employabilité, que je propose d’élargir à « l’employabilité socialement responsable » (ESR).

L’emploi et la construction des compétences, longtemps absents des objectifs RSE (Responsabilité sociétale et environnementale) des entreprises, commencent à s’imposer et s’installent progressivement au cœur de leur responsabilité vis-à-vis du devenir de leurs salariés (au sein ou en dehors de l’entreprise qui les emploie aujourd’hui) et des attentes sociétales liées à la prévention du risque de chômage et au renforcement de l’attractivité des territoires.

Martin RICHER, consultant en Responsabilité sociale des entreprises propose 6 champs de progrès dans ce sens.

  1. Redéfinir l’employabilité
  2. Réaliser un effort majeur de formation à destination des moins qualifiés
  3. Moduler les cotisations chômage acquittées par l’employeur
  4. Miser sur l’inclusion
  5. Renforcer les acteurs
  6. Définir les indicateurs de progrès et les rendre publics par la notation sociale

Conclusion

La première loi qui a posé les fondations de la formation professionnelle continue, la loi Delors de 1971, avait donné une impulsion puissante. Depuis, les fortes ambitions se sont paradoxalement fracassées sur le mur de la crise. Alors que la crise – qui n’est autre qu’une profonde transformation de nos systèmes productifs – aurait dû renforcer la légitimité de ces ambitions, ces dernières ont progressivement laissé place à une glissade morose dans la construction de dispositifs sophistiqués qui ignorent la capacité des acteurs sociaux à s’en emparer.

Conséquence : les réformes se succèdent (au rythme d’une tous les trois ans cette dernière décennie) mais la réforme piétine. Il faut maintenant inverser la logique en renforçant les acteurs pour reprendre la voie des transformations sociales impulsées par le terrain, celle de la RSE.

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