Aux moments où les Deux Sessions approchent de la fin à Beijing, le Quotidien du Peuple en ligne a interviewé Nathalie Bastianelli.
Bonne connaisseuse de l’Empire du milieu où elle a vécu, Nathalie a fondé Belong & Partners, une plateforme dédiée à la rencontre des entreprises occidentales et du monde émergent autour des enjeux du développement durable.
Je vous en livre un extrait
Quotidien du Peuple en ligne : comment percevez-vous le rôle du gouvernement dans la protection de l’environnement en Chine ?
Nathalie Bastianelli : La Chine est reconnue par un grand nombre d’experts internationaux comme le pays qui a la volonté de faire évoluer son modèle économique vers un modèle plus responsable et plus durable et qui investit le plus sur les solutions. En Chine, l’organisation centralisée du pouvoir fait que les gens sont habitués à ce que les problèmes soient gérés par le gouvernement. La solution vient du haut, il y a cependant une difficulté à la faire appliquer au niveau des provinces du fait d’une forte corruption. Mon message vient dire que le gouvernement fait bien sûr sa part mais que d’autres acteurs doivent également faire leur part, notamment les entreprises privées chinoises ou étrangères implantées ici, ainsi que les consommateurs chinois.
Il y a une grande conscience de la population chinoise sur le contexte actuel : pour eux le changement climatique n’est pas une menace mais une réalité. Mais la plupart des Chinois n’ont pas encore conscience qu’ils peuvent aider à changer les choses.
Quotidien du Peuple en ligne : quelle est la situation des marques organiques chinoises ?
Nathalie Bastianelli : Le problème en Chine, c’est que les Chinois n’ont pas confiance dans leurs propres produits organiques. Je connais une marque chinoise de produits d’hygiène (shampoing, produits pour la maison). Ce sont des produits 100% fabriqués en Chine et 100% organiques, or le producteur doit prétendre qu’ils sont « fabriqués en Australie » sur leur site et dans la communication pour les vendre ici.
Les Chinois font confiance aux marques étrangères mais pas aux marques locales. C’est un vrai problème. Le gouvernement devrait aider ces entreprises-là, faciliter leur développement. Pour donner un exemple, on interdit depuis quelques mois à ces sociétés d’utiliser le terme « organique » car ce mot doit maintenant être réservé pour les produits alimentaires mais on ne leur apporte pas la solution sur comment communiquer sur leur mode de production durable.
Quotidien du Peuple en ligne : comment voyez-vous l’état économique actuel de la Chine et son avenir ?
Nathalie Bastianelli : La croissance en Chine est en baisse depuis quelques années. J’y vois deux raisons principales : la Chine est encore basée sur un modèle d’exportation et les crises des pays occidentaux ont une répercussion immédiate sur la croissance chinoise. L’économie du pays ne reposant pas encore suffisamment sur son marché intérieur.
Par ailleurs, la Chine souhaite passer d’une économie des industries lourdes à une économie de services pour faire évoluer son modèle et le rendre plus qualitatif. Cela va contribuer à rendre sa croissance à venir plus équilibrée. Un officiel chinois lors d’un déplacement en France a ainsi évoqué :
l’Europe a réussi sa révolution industrielle, ces 30 dernières années nous nous sommes développés sur votre modèle et nous avons échoué, le prix à payer est trop cher au niveau environnemental et humain. Mais l’Europe est en train de rater sa révolution verte, et nous allons réussir la notre .
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