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Archive for the ‘Comportement sur les marchés’ Category


eric-sadinMythe de la start-up, précarisation des travailleurs, dépossession des capacités créatrices… Le philosophe Eric Sadin dénonce les ravages de la vision du monde propagée par le «technolibéralisme».

Ecrivain et philosophe critique, Eric Sadin analyse depuis dix ans l’impact du numérique sur nos sociétés.

Après la Vie algorithmique en 2015, il publie la Silicolonisation du monde – l’irrésistible expansion du libéralisme numérique. Une charge violente et argumentée contre les Google, Apple et autres Facebook, qui prennent subrepticement les commandes de nos vies pour en tirer profit comme aucune autre entreprise auparavant.

Extrait de l’interview

Dans votre nouvel ouvrage, vous dénoncez «l’esprit de la Silicon Valley» comme une entreprise de«colonisation» du monde. Pouvez-vous vous expliquer ?

La Silicon Valley incarne l’insolente réussite industrielle de notre temps. Elle a donné naissance à des géants qui dominent l’industrie du numérique – les Apple, Google, Facebook, Uber, Netflix… – et qui engrangent des chiffres d’affaires colossaux.

Toutes les régions du globe cherchent désormais à dupliquer son cœur actuel de métier : l’économie de la donnée et des plateformes. Mais depuis peu, la Silicon Valley ne renvoie plus seulement à un territoire, elle a généré un «esprit» en passe de coloniser le monde, porté par de nombreux missionnaires : industriels, universités, think tanks… Mais aussi par une classe politique qui encourage l’édification de «valleys» sur les cinq continents, sous la forme d’«écosystèmes numériques» et d’«incubateurs de start-up».

La «silicolonisation», c’est la conviction que ce modèle représente l’horizon indépassable de notre temps et qui, de surcroît, incarnerait une forme lumineuse du capitalisme. Un capitalisme d’un nouveau genre, paré de «vertus égalitaires» car offrant à tous, du «start-upper visionnaire» au «collaborateur créatif», en passant par «l’autoentrepreneur», la possibilité de s’y raccorder et de s’y épanouir.

Vous parlez d’un «technolibéralisme». En quoi est-il plus puissant que les formes de libéralisme qui l’ont précédé ?

Nous entrons dans une nouvelle étape de la numérisation du monde, celle de la dissémination tous azimuts de capteurs. A terme, toutes les surfaces sont appelées à être connectées : corps, domiciles, véhicules, environnements urbains et professionnels…

Cet «enveloppement» technologique va entraîner un témoignage intégral de nos comportements permettant au technolibéralisme de s’adosser à tous les instants de l’existence, de n’être exclu d’aucun domaine, et d’instaurer ce que je nomme une «industrie de la vie» cherchant à tirer profit du moindre de nos gestes.

Comment cela se traduit concrètement dans le monde du travail ?

Les chaînes de production dans les entreprises sont et seront de plus en plus infiltrées de capteurs qui autorisent une évaluation en temps réel des cadences permettant à des systèmes d’ordonner en retour les actes à accomplir.

La figure du contremaître disparaît au profit du résultat d’équations qui dictent le cours des choses et auxquelles il est difficile, voire impossible, de s’opposer. La capacité d’initiative et de créativité des individus est niée, réduite à exécuter des ordres émanant de programmes qui ne font l’objet d’aucune publicité et qui, la plupart du temps, sont administrés par des prestataires extérieurs.

En cela, il s’agit d’un déni de démocratie. Il est temps que les syndicats se saisissent de ces questions d’organisation impersonnelle et ultra-optimisée des conduites, qui bafouent le droit du travail autant que la dignité humaine.

Vous assimilez l’esprit start-up à de la «sauvagerie entrepreneuriale» et l’irresponsabilité des cerveaux de la Silicon Valley à de la «criminalité en sweat-shirt».Carrément ?

La start-up, c’est la nouvelle utopie économique et sociale de notre temps. N’importe qui, à partir d’une «idée», en s’entourant de codeurs et en levant des fonds, peut désormais se croire maître de sa vie, «œuvrer au bien de l’humanité», tout en rêvant de «devenir milliardaire».

Or, à y regarder de près, le mythe s’effondre aussitôt. La plupart des start-up échouent rapidement. Et pour les employés, le régime de la précarité prévaut. Une pression terrible est exercée par le fait de l’obligation rapide de résultat. Et on offre des stock-options qui, sous couvert d’intéressement à de futurs profits hypothétiques, évitent de rémunérer convenablement les personnes.

Le technolibéralisme a institué des méthodes managériales laissant croire que chacun peut librement s’y épanouir. En réalité, tout est aménagé afin de profiter au maximum de la force de travail de chacun.

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libération

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Saphie-Ly-1Quel traitement doit être fait de la RSE dans les médias ? Sophie Ly Sow, Directrice du Cabinet NEXUS Groupe diagnostique pour REUSSIR cette question très complexe.

Mais elle reconnait d’emblée que parler de choses nouvelles comme la RSE n’est jamais une évidence.

 

 

Est-il difficile de communiquer sur la RSE au Sénégal à travers les médias ?

Parler de choses nouvelles comme la RSE n’est jamais une évidence. Et les faire accepter est une gageure au Sénégal car nous sommes une société conservatrice malgré les apparences.

Les médias traitent les sujets, mais les angles sont répétitifs. Il faut remettre en question les lectures de l’environnement qui nous abrite. Je vois bien que la presse a soif de nouvelles qui soient de nature économique et de portée sociale à la fois.

Chaque jour les médias relaient des faits divers qui documentent la vulnérabilité de communautés face à des activités industrielles mal encadrées ou peu respectueuses des lois existantes.

Par exemple, aujourd’hui, les communautés ont acquis le droit, inscrit dans nos juridictions nationales et au niveau CEDEAO, d’exiger des études d’impact environnemental avant que ne démarrent des usines. Or, trop peu d’assemblées de communautés sont couvertes par les journalistes et c’est dommage.

Ou a contrario, trop peu de bonnes pratiques font l’objet de reportages. Une approche systémique dans le traitement journalistique des négociations entre décideurs publics, intérêts privés et souci de préservation des cadres de vie contribueraient à forger une compréhension scientifique et politiquement équilibrée des choses.

D’où le défi pour les médias : comment problématiser au-delà des articles ponctuels et des faits divers ?

Le sujet de fond est le contexte économique libéral, parfois qualifié de « sauvage ». C’est aussi l’insuffisance de cadres structurés de protection des citoyens et de l’environnement. D’autant que l’accès à l’information n’est pas acquis. Vous avez raison, il faut distinguer information et communication. Aujourd’hui il est plutôt facile de communiquer. Informer est une autre histoire.

 

« Il y a pire qu’un esprit pervers, c’est un esprit habitué » disait le poète français Charles Péguy.

Il faut changer les habitudes au sein de la profession journalistique. Les schémas de pensée doivent se renouveler et se libérer du confort de ce que nous croyons et répétons machinalement, perpétrant ainsi les effets néfastes sans même en prendre la mesure.

 Si le besoin de faire connaitre ses actes vient toujours des entreprises, les journalistes sont-ils à même de distinguer l’aspect RSE et celui de la communication institutionnelle de la première citée ?

Bien sûr !  Nul n’a le monopole de l’initiative d’informer. Et reconnaissons le mérite aux entreprises qui communiquent. Il appartient aux journalistes de prendre leurs responsabilités et poser les questions d’intérêt publique.

Il faut plus d’information, sous divers angles. Je suis optimiste car ça bouge et donc la presse s’y intéressera. Des dizaines d’entreprises fleurons de notre économie sont engagées en RSE. Au niveau de l’Etat, le CESE s’est ouvert à cet enjeu et l’on observe des conseillers qui font activement leur propre éducation sur le sujet.

Récemment, la Présidence de la République a présenté son rapport sur l’ITIE. C’est une avancée réelle et une pratique positive d’information. C’est le fruit d’un travail de longue haleine de la société civile internationale, d’une démarche scientifique sur les plans environnemental et juridique et d’une solide capacité d’anticipation.

Il y a un an, NEXUS Groupe et l’Initiative RSE, avec l’appui d’OSIWA et de l’Ambassade des Pays Bas conviaient deux groupes de professionnels de l’information à deux exercices distincts et complémentaires :

  1. Les managers de médias à la réflexion sur l’impact de la RSE dans l’équilibre interne entre indépendance éditoriale et relation aux annonceurs publicitaires
  2. Une cohorte de journalistes de la CJRS en formation pour la capacité de collecte scientifique et de traitement politique des sujets liés à la RSE.

La RSE mobilise diverses parties. La matière à informer existe, par l’action de la société civile et les efforts du secteur privé. Reste le rôle des journalistes.  A chacun son travail.

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