Ces derniers jours, une nouvelle expression s’est imiscée dans les médias : celle de “génération Z”. Une nouvelle catégorie sociologique qui chasse la génération Y du devant de la scène. Mais que représente-t-elle vraiment ? Et quelles sont ses caractéristiques ? Décryptage.
Après les générations X et Y, voici venu le temps de la génération Z. Inventée il y a environ trois ans, cette formule désigne l’ensemble des individus nés à partir de 1995 qui ont grandi avec les technologies de l’information, Internet et ses réseaux sociaux.
Une hyper-connectivité innée qui la différencie de son aînée, la génération Y (qui a dû, elle, apprendre à se servir d’Internet), et qui lui vaut également le sobriquet de “Génération C” – pour Communication, Collaboration, Connexion et Créativité.
Si les enfants de la génération Z font aujourd’hui leur apparition dans les médias, c’est qu’ils atteignent l’âge adulte, et ne vont donc pas tarder à faire leur entrée sur le marché du travail. Une arrivée qui peut faire peur à la génération X, à la tête des entreprises actuelles, et à la Y, qui vient à peine de se faire une place dans le monde professionnel.
Au vu de son hyper-connectivité constante, les prophéties au sujet de cette génération se succèdent. Dans cet article Eric Delcroix et Valentin Reverdi tentent de démêler le vrai du faux.
“Vous me suivez ou je dégage”
Une des caractéristiques de cette génération : le bouleversement des codes qu’elle va engendrer dans le monde du travail.
Dans son livre Le Prix de la confiance sorti en 2013, le fondateur de Moons’Factory Didier Pitelet décrit ces moins de 20 ans comme des utopistes peu dociles qui exigeront un nouveau management entrepreneurial.
Un management qui devra être à leur image selon lui :
Canaliser leur énergie à des fins positives supposera de mettre en place des modèles de management structurants, éducatifs et psychologiques.
Même s’il les considère comme de bons éléments, qui “trimbaleront leur maison au bureau et leur bureau à la maison” et “travailleront autant que leurs aînés à condition d’y trouver un intérêt et de donner du sens à leur quotidien”, Didier Pitelet souligne ici la nécessité d’une sorte de guide pratique destiné aux entreprises.
Entreprises qui semblent, à chaque arrivée d’une nouvelle génération, dans l’obligation de revoir entièrement leur système de fonctionnement – on se souvient en effet du nombre incalculable d’études, rapports et autres livres destinés à l’intégration de la génération Y dans le monde du travail :
- Intégrer et manager la génération Y de Julien Pouget
- La génération Y d’Olivier Rollot
- Manager la génération Y de Florence Pinaud et Marie Desplats.
En raison de son hyper-connectivité, cette génération Z sera-t-elle vraiment plus difficile à gérer que la précédente ?
“En tout cas, elle implique un management qui sera complètement différent, assure Eric Delcroix.
Lorsque la génération Z arrivera sur le monde du travail, c’est la génération Y qui dirigera, et les individus de cette génération sont plus ouverts sur le monde digital que ceux de la génération X, actuellement en place. Ce qui va se passer sera très simple : la génération Z va profiter de cette ouverture et dira : “Vous me suivez, ou je dégage”.”
Le plaisir, condition sine qua non
Faire ce dont on a envie, et vite. Une caractéristique qui définirait de plus en plus ces moins de 20 ans.
Valentin Reverdi incarne d’ailleurs parfaitement cette catégorie de nouveaux jeunes adultes. À seulement 16 ans, il a déjà plusieurs fois endossé le costume de chef d’entreprise. “J’ai créé mon premier site à 11 ans. J’aidais des personnes handicapées en Tunisie à avoir accès à un ordinateur“, explique-t-il.
Après avoir fondé deux autres sites, il s’apprête aujourd’hui à lancer Dissemblances, un magazine qui souhaite mettre en valeur le travail de jeunes journalistes. Ceux de la génération Z.
“J’ai arrêté l’école en novembre 2013 à l’âge de 16 ans, parce que je m’ennuyais. Je voulais m’insérer tout de suite dans un cursus professionnel“, confie ce jeune entrepreneur.
Se responsabiliser plus vite
Selon plusieurs médias, la figure de proue de cette génération Z serait Tavi Gevinson. Comme Valentin Reverdi, cette jeune Slovène a créé son premier site à 11 ans, Rookie. Grâce à lui – et à son look peu commun – elle s’est rapidement fait remarquer par l’industrie de la mode. Aujourd’hui, avec Rookie, Tavi Gevinson emploie 80 personnes. À seulement 17 ans.
Dans son numéro 955 du 19 au 25 mars 2014, Les Inrocks dédiait une page entière aux enfants de la génération Z, et les qualifiait en ces termes :
Ils ne se souviennent pas d’un monde sans crise et n’ont pas suivi les traces et diplômes des aînés pour s’immerger dans la société.
Traduction : pas besoin de titres scolaires pour qu’ils réussissent professionnellement. “Je suis entièrement d’accord sur cette notion de diplomes et d’aînés. Ils vont tout chambouler à ce niveau-là” confirme Eric Delcroix.
Même s’il est conscient du fait que, à l’image de Tavi Gevinson, il est un cas isolé, Valentin Reverdi constate qu’Internet a permis aux jeunes de sa génération de se responsabiliser plus vite.
Retrouver l’intégralité de l’article
Photo : Tavi Gevinson
Votre commentaire