J’ai lu le rapport de Christine Boutin « de la mondialisation à l’universalisation :une ambition sociale »
Celui ci, au travers de ces 17 propositions et + de 350 pages, s’inscrit totalement dans le développement de la Responsabilité Sociétale.
Je vous propose d’en partager le contenu au travers de plusieurs articles sur les semaines qui viennent. Je suis certain qu’au fil de leur publication ils renforceront votre conviction sur les enjeux de la Responsabilité sociétale et ses nécessaires apports.
Comme le précise Nicolas Sarkozy dans sa lettre de mission à Christine Boutin.
« La France doit être à la pointe de la définition d’une nouvelle régulation sociale de la mondialisation…. Les dumping monétaires, sociaux ou environnementaux ne sont pas seulement des distorsions de concurrence….ils sont à l’origine de coûts sociaux et humains considérables. »
Il est important de souligner que la réflexion de Christine Boutin s’inscrit dans le cadre du prochain G20.
Elle vise à répondre à cette question centrale « quelle place est donnée au travailleur dans les échanges internationaux? ».
La diversité des 150 personnes consultées est l’assurance d’un travail d’extrême qualité.
Anthropologues, sociologues, professeurs, journalistes, experts, directeurs exécutifs et généraux de multinationales etc….
D’entrée le rapport démarre par un « coup de gueule ».
« Le plus grand malheur, ce n’est pas la guerre, pas le changement climatique, c’est la faim ! »
Mireille Guigaz, ambassadeur, représentante permanente de la France auprès de la FAO Septembre 2010.
Les objectifs du millénaire de l’ONU visaient à réduire de moitié d’ici 2015 le nombre de personnes souffrant de la faim. Mais en 2009 le seuil de 1 milliard est quand même atteint et les perspectives sont incertaines avec le développement des classes moyennes dans les pays émergents.
Il faut s’attendre à un doublement de la production alimentaire d’ici 2050, plaçant la productivité agricole comme enjeu majeur de la décennie à venir.
Elle devra faire face à un sujet stratégique et géopolitique « l’accaparement des terres ».
Changement climatique, instabilité des prix de l’énergie et des matières agricoles auront des effets perturbateurs.
Cette analyse conduit à la proposition N°1 : Faire de la faim dans le monde,un problème prioritaire.
Après la globalisation, l’universalisation.
Depuis le XIXe siècle, l’humanité a connu trois phases successives de construction d’un espace mondial, la dernière étant appelée « globalisation ».
La première phase couvre la période 1849-1914 :c’est la mise en place d’un espace mondial des échanges de matières premières, de productions agricoles et industrielles.
Une deuxième phase s’ouvre avec la résistance des États et couvre la période 1914-1989. Elle marque un coup d’arrêt à la mondialisation des capitaux, des biens et de services.
Une troisième phase s’est ouverte depuis 1989 : la globalisation ou société-monde et prend ses origines dans l’après-Deuxième Guerre mondiale.
En ce début du XXIe siècle, les inégalités explosent, la crise financière accentue le partage inégal des richesses entre le travail et le capital.
Les inégalités de revenus entre les salariés, les actionnaires, les dirigeants, les fournisseurs, aussi bien dans les petites entreprises que dans les multinationales croissent de manière exponentielle.
Le risque de « grande fragmentation ».
Le rapport introduit trois questionnements : La fin de la politique, la fin de l’avenir, la fin de l’universel.
Avec l’État, « cadre de référence de l’appartenance politique », qui se trouve contourné par des flux économiques et culturels qui lui échappent.
Avec une recherche de survie qui devient la principale caractéristique de la projection dans l’avenir car elle n’existe plus d’une génération à l’autre.
Et enfin , le cadre globalisé qui nous met tous en relation à travers le monde en échangeant des biens, et en partageant impressions et informations. Ce qui parvient à menacer en même temps l’universel et la différence.
L’universalisation,nouvelle étape de la mondialisation.
Pour cela il est nécessaire de penser un nouveau paradigme s’appuyant sur le partage des valeurs fondé sur le sens d’une commune humanité.
C’est donc l’idée d’universalisation, qui nécessite une autorité politique mondiale porteuse de ce qui est commun.
Universalisation ne veut pas dire gouvernement mondial.
Si les états doivent être revalorisés dans leur rôle, il est des sujets, des risques ou des problèmes qui dépassent le cadre étatique.
Alors pour articuler la responsabilité mondiale et nationale, le principe de subsidiarité reste particulièrement adapté.
Cette analyse introduit la proposition N°2 : Reconnaître solennellement que le principe de commune humanité est un socle universel fondateur.
Le travail décent,un nouveau bien public mondial. C’est ce dont nous parlerons dans le prochain volet de cette analyse.
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